1. Défis globaux

Les personnes actives vont au-devant de défis énormes, souvent déjà présents aujourd’hui. Voulons-nous éviter que le travailleur soit le dindon de la farce ? Nous devons alors préparer des réponses.

Transition climatique

Le plus grand défi au niveau mondial est le réchauffement de la planète. Il n’appartient pas à un futur éloigné. Nous en observons déjà les conséquences dans notre vie de tous les jours. Songeons à la sécheresse et aux récoltes dévastées en Australie ou en Afrique. Aux feux de forêt gigantesques au Canada, aux Etats-Unis, en Espagne et en Grèce. Et à l’impact sévère des inondations en Italie, en Lybie, en Allemagne, en Tchéquie, dans les régions mosanes aux Pays-Bas et en Belgique et dans les Alpes. L’exode mondial de personnes provoqué par les changements climatiques a déjà commencé. Avec la hausse rapide de la population mondiale, les migrations ne vont pas diminuer.

Les variations climatiques incitent déjà de nombreuses entreprises, administrations et particuliers à accélérer leurs investissements dans l’électrification de leurs méthodes de production et modes de transport. Et cela a un impact direct et immédiat sur toute personne travaillant dans le secteur du transport.

‘Il faut que cela revienne toujours moins cher, et ce qu détriment des travailleurs.

Automatisation, digitalisaion et race to the bottom

Cette électrification va souvent de pair avec une automatisation accélérée, la digitalisation, le développement galopant de l’intelligence artificielle … … Tout cela engendre actuellement un bouleversement de notre économie. J’imagine que les routiers et chauffeurs de taxi se font actuellement de gros soucis quand ils voient que des voitures (camions) sans chauffeur sont en phase de développement, quand ils ne sont pas déjà opérationnels çà et là.

Les entreprises technologiques ont en outre lancé une race to the bottom à l’échelon mondial. En « sous-traitant » le travail physique, elles montent les prestataires de services logistiques les uns contre les autres, et ceux-ci accentuent à leur tour la concurrence entre eux. Il faut que cela revienne toujours moins cher, et ce au détriment des travailleurs. La « techploitation » met les services publics sous pression. Les salaires diminuent, souvent par l’engagement de main-d’œuvre bon marché. Le dumping social – « légal » ou non – est devenu monnaie courante, partout dans le monde.

Populisme et droitisation

L’aliénation et le malaise s’emparent des gens. La peur de l’incertitude est une conséquence économique majeure. Surtout pour ceux qui se trouvent dans les catégories salariales inférieures. Et l’aversion croissante pour la politique favorise le populisme et la droitisation. Populisme et droitisation constituent une menace à cet égard. Car notre propre base ne reste pas sourde aux slogans d’extrême droite et aux populistes. Ils sont diffusés par les chasseurs de rats de Hamelin, qui essayent de séduire la population active par un faux raisonnement basé sur la haine, la division et l’exclusion.

Si nous ne voulons pas que l’histoire se répète, les syndicats devront passer à la vitesse supérieure dans la lutte contre le populisme et l’extrême droite !

‘Que l’on le veuille ou non, nous sommes tous des citoyens du monde. Et pour que tout soit clair : je me sens citoyen du monde.

Quelques phénomènes sociétaux, parmi d’autres, auxquels nous devrons nous attaquer.

Vous trouverez ci-après un aperçu des principaux défis auxquels les syndicats seront confrontés dans les années à venir. Certains de ces défis figureront encore pendant des années à notre agenda. D’autres connaîtront déjà un tournant décisif en 2024. Je pense notamment aux élections européennes, dont l’issue sera cruciale pour l’avenir de l’Europe et des travailleurs en Europe. Et ailleurs dans le monde, car l’Europe n’est pas une île. Qu’on le veuille ou non, nous sommes tous des citoyens du monde. Et pour que tout soit clair : je me sens citoyen du monde.

‘Pour être entendus, nous devons nous révolter. Nous devons nous organiser sur les lieux de travail et les chaînes d’approvisionnement et au niveau local et international.

TONY SHELDON

Le secteur du transport est confronté à de faibles marges bénéficiaires, une forte concurrence, peu de barrières à l’entrée et un chiffre d’affaires élevé.

Les marchés du transport locaux et régionaux jouent un rôle crucial dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, qu’il s’agisse du transport de passagers, de marchandises ou même de combustibles nécessaires au fonctionnement de l’industrie et de l’économie en règle générale.

Bien qu’en théorie, cela donne plus de poids aux travailleurs du transport dans les négociations industrielles, cela peut aussi les exposer aux conséquences de décisions prises par des conseils d’administration d’entreprises situées à l’opposé de la région où leur syndicat local ou même national opère.

Pour être entendus, nous devons nous révolter. Nous devons nous organiser sur les lieux de travail et les chaînes d’approvisionnement au niveau local et international.

Nous devons aligner l’action locale sur les campagnes internationales, afin de pousser les décideurs à effectivement rendre des comptes lorsqu’ils essaient d’étouffer ou d’ignorer la voix des travailleurs locaux.

TONY SHELDON
°26/08/1961. Australie.
Sénateur pour le parti travailliste australien. Président du Australian Senate Education and Employment Committee. Ancien secrétaire national du Transport Workers Union of Australia (TWU) et ancien président de la section transport routier de la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF)